Le cadmium (Cd) n’est pas seulement présent dans nos piles rechargeables. On le rencontre un peu partout, et principalement dans nos assiettes. Il fait partie des métaux lourds les plus toxiques. Avec l’arsenic, le plomb, le mercure et le chrome, ils posent un problème de santé publique majeur en raison de leur omniprésence dans l’environnement et de leur bioaccumulation.


L’exposition au cadmium :

Selon une étude de l’ANSES sur l’alimentation, les produits céréaliers comme le pain et les pommes de terre sont les principaux responsables de l’exposition au cadmium. Ceci est dû à la grande proportion de ces produits dans le régime alimentaire des Français.

Cependant, les coquillages, les biscuits, le chocolat et les abats sont les aliments dans lesquels on observe la plus forte teneur en cadmium.

La deuxième voie d’exposition est l’inhalation des vapeurs de cadmium ou de ses composés. La fumée de cigarette contient du cadmium et on retrouve plus de cadmium dans le sang des fumeurs que dans la population générale. On trouve également du cadmium dans les composants électroniques, les plastiques et les colorants. Respirer l’air vicié des usines fabriquant ces produits expose aussi au cadmium par inhalation.

Les dangers du cadmium pour la santé :

Bien que l’exposition principale passe par l’alimentation, c’est par inhalation que le cadmium est le plus dangereux. Des intestins en bonne santé laissent peu de cadmium traverser la barrière intestinale. A l’inverse, les poumons laissent une grande partie du cadmium inspiré entrer dans le sang.

Le centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le cadmium comme cancérogène avéré pour les cancers du poumon et cancérogène probable pour les cancers du rein et de la prostate.

Le cadmium va se fixer principalement sur le foie et les reins. L’intoxication au cadmium entraîne une baisse de l’activité de filtration des reins et provoque des lésions des tubules rénaux. Mais l’effet le plus pervers se produit sur le foie. En plus d’être toxique pour les cellules du foie, le cadmium bloque les systèmes de détoxification qui permettent au foie de neutraliser les toxiques.

Le cadmium affecte également les os. En perturbant le métabolisme du calcium et de la vitamine D3, le cadmium entraîne la déminéralisation et conduit à l’ostéoporose.

Enfin, on observe une baisse de la fertilité liée à l’inflammation des testicules qui perturbe la production de spermatozoïdes. Une baisse du taux de testostérone et de la libido est également constatée.

Les conseils santé de l’auteur:

Tout d’abord, diagnostiquer une intoxication au cadmium n’est pas facile. Il s’accumule dans le foie, les reins et les os où il reste piégé. Une simple prise de sang ne permettra pas d’établir le diagnostic d’une intoxication chronique. S’il suspecte une intoxication au cadmium, votre médecin pourra vous prescrire des analyses qui font appel à un chélateur du cadmium. Les chélateurs sont des molécules qui vont se lier au cadmium et l’extraire des tissus où il s’est logé. Ensuite, on mesurera la concentration de cadmium évacué dans les urines.

Nous l’avons vu, le cadmium bloque l’activité détoxifiante et antioxydante du foie. En adoptant une alimentation riche en antioxydants, et en soutenant le fonctionnement du foie, il est possible d’agir préventivement sur les méfaits du cadmium.

Protéger avec les antioxydants 

Nous savons, depuis les années 1970, que la vitamine C a un effet préventif sur la toxicité du cadmium. Depuis, plusieurs aliments et nutriments antioxydants ont montré leur efficacité. C’est le cas du thé vert et du thé noir dont les polyphénols vont contribuer à protéger le foie. Les caroténoïdes, présents principalement dans les légumes feuille et les légumes colorés de rouge ou de jaune, sont également proposés pour leurs propriétés antioxydantes. En réduisant le stress oxydatif, les caroténoïdes protégeraient les testicules, les reins, les yeux et le cerveau de la toxicité du cadmium.

Par extension, favoriser les aliments riches en antioxydants comme les fruits rouges et les légumes colorés, aiderait à prévenir le stress oxydatif induit par le cadmium.

Aider avec les aliments soufrés

L’oignon et l’ail contiennent des sulfures qui ont montré leur effet protecteur sur le foie en limitant l’inflammation et les nécroses, et en diminuant l’accumulation du cadmium dans les tissus.

Les aliments soufrés sont nécessaires au bon fonctionnement du foie. Ils sont riches en cystéine, un acide aminé essentiel qui entre dans la composition du glutathion et des métallothionéines. Le glutathion et les métallothionéines vont jouer le rôle de chélateur du cadmium afin de l’éliminer. On peut ajouter à la liste des aliments à privilégier, la famille des crucifères (les choux) qui apporteront ces sulfures bénéfiques.

Bien que n’étant pas des aliments soufrés, le curcuma et le poivre bloquent l’oxydation et stimulent la production de glutathion.

Détoxifier avec les flavonoïdes 

Les flavonoïdes sont des polyphénols présents dans une grande partie des végétaux. Outre leurs propriétés antioxydantes, les flavonoïdes se lient aux métaux lourds comme le cadmium et facilitent leur élimination de l’organisme.

En réservant une part conséquente aux végétaux dans votre assiette et en adoptant une alimentation diversifiée et colorée, vous mettrez toutes les chances de votre côté pour limiter l’incorporation du cadmium et préserver votre santé.

En cas d’empoisonnement au cadmium, seul un médecin pourra ordonner les analyses nécessaires et proposer le traitement adapté. Si vous deviez subir un traitement de chélation du cadmium, sachez que cela entraîne également une baisse des stocks d’autres éléments comme le zinc ou le fer. Demandez conseil à votre soignant pour éviter les carences.

Pour aller plus loin

Bio-accumulation des polluants