Le mercure (Hg) a depuis longtemps quitté le confinement de nos thermomètres pour se retrouver disséminé dans notre environnement. Il fait partie des métaux lourds les plus toxiques, avec l’arsenic, le plomb, le cadmium et le chrome. Le mercure inquiète. Mêlant enjeux économiques, enjeux politiques et préoccupations sociétales (vaccins), le mercure est inscrit au top 10 des éléments chimiques posant un problème majeur de santé publique par l’Organisation mondiale de la santé.

L’exposition au mercure :

Le mercure existe sous plusieurs formes qui représentent des dangers spécifiques pour la santé. A l’état naturel, le mercure est principalement sous forme métallique. Il est relargué dans l’atmosphère par les éruptions volcaniques, le dégazage des roches ou les feux de forêts. Les sources humaines de relargage du mercure sont la combustion du charbon, l’incinération des déchets et l’extraction de minerais. Lorsqu’il se dépose dans les milieux aquatiques, le mercure est converti en méthylmercure ou éthylmercure.

Le mercure pénètre notre organisme par l’ingestion d’aliments contaminés ou par l’inhalation de vapeurs de mercure.

L’alimentation

On retrouve principalement le mercure dans les aliments qui nous viennent des océans. C’est la plus grande source d’exposition de la population. La bioaccumulation du mercure dans le milieu marin interroge sur la sécurité alimentaire des populations se nourrissant majoritairement des produits de la mer. Parmi ces aliments, c’est le thon qui stocke le plus de mercure. Par conséquent il est raisonnable d’en limiter la consommation. En Europe, le cabillaud, le merlan, l’espadon et le brochet présentent également des taux élevés de mercure.

Les expositions professionnelles

L’exposition par inhalation des vapeurs de mercure se produit principalement dans un contexte professionnel. Les doses sont généralement faibles, mais l’inhalation répétée de faibles doses de mercure n’est pas sans effet sur la santé. Les recommandations et précautions à prendre pour la préparation des amalgames dentaires, l’incinération des déchets, l’extraction des minerais ou la manipulation de certains composants électroniques, doivent être respectées avec rigueur.

Les vaccins

Les vaccins injectables comprenant du thimerosal ou thiomersal contiennent du mercure sous sa forme éthylmercure. Utilisé comme conservateur, cette forme a été évaluée sûre par les autorités de santé. Néanmoins, plusieurs groupes de recherche alertent sur les potentiels dangers d’une exposition prénatale et dans la petite enfance à l’éthylmercure. Aujourd’hui, des formes alternatives sans mercure existent pour la plupart des vaccins recommandés.

Les dangers du mercure pour la santé :

Le mercure peut potentiellement toucher tous les organes car il se lie à certaines protéines. Il peut affecter les systèmes digestif, nerveux, immunitaire et respiratoire, et il est toxique pour les reins.

Dans les premiers stades de la vie

Le mercure traverse également le placenta, exposant ainsi le fœtus quand la mère est exposée. Chez le fœtus et les jeunes enfants, le mercure pourrait perturber le développement normal du cerveau. Après la naissance, le mercure peut aussi être transmis au nouveau-né par le lait maternel. On pourrait conclure qu’il suffit de ne pas manger de poisson lorsque l’on est enceinte ou que l’on allaite. La réalité est plus complexe, car la consommation de poisson apporte aussi des acides gras essentiels au bon développement du cerveau de l’enfant. On tendra alors vers une consommation raisonnée de petits poissons gras comme la truite ou les sardines.

La peau et les muqueuses

Le mercure est très irritant, pour la peau comme pour les muqueuses. Lors d’une exposition à de fortes quantités de mercure par inhalation, l’irritation conduit à de sévères bronchites ou bronchiolites.

Le cerveau

Le système nerveux est la cible principale du mercure. Le mercure est un neurotoxique qui pénètre facilement dans le sang, au niveau des poumons, puis entre dans le cerveau. Une exposition répétée conduira, selon la dose, aux symptômes suivants :

  • pertes de mémoire
  • grande fatigue
  • maux de tête
  • insomnies
  • tremblements
  • tempérament irritable ou nerveux
  • changement de personnalité, de comportement
  • état dépressif
  • hallucinations

Les effets sont parfois réversibles, si on cesse l’exposition.

Les autres systèmes touchés par le mercure

Au niveau du système digestif, le mercure va affecter les muqueuses. Il provoque douleurs abdominales, vomissements ou diarrhées.

En diminuant le nombre de certains types de cellules du sang et de la lymphe, le mercure perturbe l’équilibre du système immunitaire. On observe alors différents types de réactions auto-immunes.

Le mercure est aussi toxique pour les cellules du sang et peut entraîner une anémie.

Enfin, le mercure peut provoquer une insuffisance rénale, soit en induisant une réaction auto-immune dirigée contre les cellules du rein, soit par sa toxicité directe sur les tubules rénaux.

Les conseils santé de l’auteur :

L’empoisonnement au mercure est un vrai casse-tête. Son omniprésence dans l’environnement et sa capacité à changer de forme en fonction du contexte rend son élimination difficile. Si une forte exposition au mercure est suspectée, votre médecin pourra vous orienter vers une méthode de chélation. La chélation utilise des molécules, les chélateurs, qui emprisonnent le mercure et facilite son élimination par les voies naturelles. Cependant, cela fonctionne si l’empoisonnement est détecté tôt. On a moins de certitudes sur l’efficacité de la chélation dans les cas d’expositions répétées ou prolongées. Dans ce cas, il y a un risque de remettre en circulation le mercure qui s’est déposé dans les organes et de déclencher une nouvelle atteinte du cerveau.

Les chélateurs naturels

Les chélateurs naturels n’ont pas vraiment bonne presse non-plus. Ces chélateurs naturels sont des extraits végétaux qui ont la propriété de fixer le mercure et de permettre son élimination. Le problème est que l’écorce terrestre relargue plus de 3000 tonnes de mercure par an dans l’atmosphère. Pendant leur culture, les végétaux les plus à même de fixer le mercure vont déjà s’imprégner, se charger, du mercure présent dans l’environnement.

Prenons l’exemple de la chlorelle. La chlorelle est une algue utilisée comme complément alimentaire. Elle est souvent évoquée comme chélateur naturel du mercure. Même si aucune étude clinique n’a été menée pour montrer son efficacité, les données de laboratoire montrent que la chlorelle absorbe et piège le mercure avec une bonne efficacité. Ce n’était donc pas une si mauvaise idée, mais la réalité est moins réjouissante. Lorsque l’on cultive la chlorelle, elle s’imprègne du mercure environnemental. Une étude polonaise a montré que les taux de mercure dans les compléments alimentaires à base de chlorelle sont considérables.

Néanmoins, nous pouvons adopter certains comportements pour limiter notre exposition au mercure et protéger notre santé.

Les oméga-3 pour protéger le cerveau

Les acides gras oméga-3 sont bien connus pour leur effet protecteur sur le système nerveux. Dans les cas d’exposition au mercure, les omega-3 protègent le cerveau et le système nerveux périphérique de la toxicité de ce métal. Certains végétaux peuvent apporter ces acides gras essentiels, comme l’acide alpha-linoléique. Il est présent dans les huiles de colza, de lin ou de noix. On le trouve également dans les graines de lin, de chanvre, les noix et le soja. Les autres acides gras oméga-3 pourront être synthétisés par notre corps à partir de l’acide alpha-linoléique.

Une alimentation riche en fibres pour limiter l’ingestion de mercure

De manière générale, les fibres alimentaires ont la propriété de limiter les absorptions par voie intestinale en renforçant la muqueuse et en facilitant l’épanouissement de la flore intestinale. Ces fibres facilitent aussi la fixation des métaux lourds et permettent leur évacuation par les selles.

Une étude brésilienne a comparé deux groupes d’individus grands consommateurs de poisson. Les membres d’un des groupes consommaient également une grande quantité de fruits frais. Cette étude a montré qu’avec une consommation de poisson comparable, les personnes qui consommaient également des fruits frais présentaient des taux de mercure significativement plus bas.

En laboratoire, les fibres du son de blé ont un effet protecteur sur l’accumulation de mercure dans le foie, les reins et le cerveau, chez des souris exposées au mercure par l’alimentation.

Par conséquent, en consommant davantage de fibres alimentaires et en variant les sources pour limiter les aliments qui contiendraient trop de mercure, nous limiterons l’exposition au mercure par l’alimentation.

Relancer la détoxification avec le zinc

Le zinc est essentiel au fonctionnement de notre système interne de chélation du mercure. L’empoisonnement au mercure vide nos stocks de zinc et bloque l’activité de nos protéines détoxifiantes, les métallothionéines. Un apport en zinc relancera l’activité des métallothionéines chargées de capturer les métaux lourds.

Ajoutez des germes de blé et des graines de sésame, de pavot ou de courge à vos salades, vous bénéficierez d’un apport de zinc supplémentaire qui facilitera l’élimination naturelle du mercure.

Le sélénium, longtemps évoqué pour son effet bénéfique sur la toxicité du mercure, aurait un rôle plus mitigé que prévu, en raison de ses nombreuses interactions avec le mercure. Entre-autres, le sélénium se lie au mercure pour former un composé insoluble. Ce composé serait ensuite plus difficile à déloger et éliminer.

Tout n’est pas perdu

Les études menées par les autorités sanitaires montrent que les taux de mercure dans l’alimentation ne sont problématiques que pour les gens qui ont une alimentation peu variée et très riche en certains aliments présentant une haute teneur en mercure.

Nous ne le rappellerons jamais assez, une alimentation la plus diversifiée possible est la seule garantie d’avoir, d’une part, un apport suffisant pour tous les nutriments essentiels et, d’autre part, d’éviter une trop forte exposition aux polluants qui peuvent contaminer une des sources de nourriture.

Pour aller plus loin

Bio-accumulation des polluants